L’invention des antibiotiques a été une révolution médicale du XXème siècle pour guérir de nombreuses infections bactériennes. Mais leur utilisation en masse, parfois inappropriée, a conduit à des problématiques de santé publique qui font aujourd’hui l’objet de recommandations pour recadrer leur usage. Lorsqu’une politique adéquate de bon usage des antibiotiques est instaurée dans un établissement de santé, les améliorations peuvent se révéler très positives sur plusieurs aspects. Grâce à des actions complémentaires, voici quels bénéfices sont à attendre du bon usage des antibiotiques dans les établissements de santé.
Du mieux pour les prescriptions d’antibiotiques
Des outils très pratiques
La mise en place d’outils spécifiques dédiés au bon usage des antibiotiques permet aux professionnels de santé d’optimiser le choix du médicament le plus adapté. Des protocoles d’aide à la prescription (logiciels informatiques ou supports de type arbres décisionnels) mais également des outils d’aide à la réévaluation de l’efficacité des traitements peuvent être employés. De nombreuses recommandations nationales d’experts sont diffusées et facilement accessibles pour les prescripteurs.
Formation et information
L'organisation de groupes de travail pluridisciplinaires (associant pharmaciens, médecins, biologistes…) permet d’établir des procédures adéquates au regard des connaissances issues de la recherche clinique et scientifique. La présence, au sein d’un établissement de santé, de professionnels référents formés au bon usage des antibiotiques constitue également un choix efficace. Une partie de leur temps de travail est consacré à l’aide et l’accompagnement des autres professionnels de santé pour l’application des bonnes pratiques.
Un feedback pour s’améliorer
Avoir un retour concret sur des mesures mises en œuvre peut, non seulement se révéler encourageant lorsqu'elles montrent un effet positif, mais permet aussi de rendre compte, auprès des réseaux de surveillance nationaux, des résultats de ces mesures. Le suivi du bon usage des antibiotiques passe, entre autres, par la quantification de la consommation d’antibiotiques et la surveillance des cas de résistances au sein de ces lieux de soins.
Du mieux pour la santé des patients
Réduire les prescriptions inappropriées
Déterminer le meilleur antibiotique à prescrire, pour un patient donné, passe bien sûr par plusieurs critères en fonction de la pathologie en cause : posologie, choix de la molécule, durée du traitement. Malheureusement, leur usage n’est pas toujours employé à bon escient. Ils peuvent être inefficaces lorsque leur prescription est mal indiquée et n’agissent alors pas correctement sur la bactérie. Dans d’autres cas, ils sont tout bonnement inutiles lorsqu’ils sont prescrits, par exemple, pour des pathologies liées à un virus et non une bactérie.
Lutter contre l’antibiorésistance
Certains antibiotiques sont particulièrement générateurs de résistances aux bactéries. Dans le but d’offrir un maximum de chance d’efficacité, le choix de prescription porte parfois sur un antibiotique dit à large spectre. Ces antibiotiques qui ciblent de nombreuses bactéries peuvent favoriser l'antibiorésistance et donc sur le long terme sont à risque de devenir moins efficaces.
Diminuer le nombre d’infections nosocomiales
Les infections nosocomiales correspondent à des infections contractées pendant un séjour en établissement de santé. Environ un patient sur 20 est concerné par cette problématique. La lutte contre les infections nosocomiales (qui implique une utilisation plus importante d’antibiotiques à large spectre en secteur hospitalier) participe donc pleinement à la politique des établissements de santé. La mission du RAISIN (Réseau d’alerte, d’investigation et de surveillance des infections nosocomiales) est de coordonner la surveillance de ce type d’infection.
Du mieux pour le fonctionnement des établissements de santé
Réduction des dépenses
Les gestionnaires des établissements de santé ont tout à gagner à déployer des moyens et des ressources pour faciliter la mise en œuvre de protocoles de bonnes pratiques. À l’heure de la vigilance aux dépenses de santé, l’impact économique d’un mauvais usage des antibiotiques pour les établissements de santé apparaît important. A contrario, la bonne application des recommandations, en termes de prescription d’antibiotiques, aboutit à une réduction des coûts.
Réduction de la durée de séjour et de la mortalité
Une meilleure prescription d’antibiotiques, mise en place en appliquant efficacement les protocoles et les recommandations, a une influence positive sur la durée de séjour mais également sur le taux de mortalité des patients dans un établissement de santé. Une infection mal soignée, par indication inadéquate de l’antibiotique nécessaire au traitement, signifie potentiellement une durée d’hospitalisation plus longue, une guérison différée, une perte d’argent lorsqu’il est nécessaire de prescrire un autre antibiotique. De nombreuses mesures permettent d’optimiser le bon usage des antibiotiques dans les établissements de santé. Cette préoccupation doit être l’affaire de tous en raison des enjeux liés à la résistance aux antibiotiques. Aussi, des gestes simples et applicables par tout un chacun, contribuent à préserver l’efficacité des antibiotiques.