Autres articles
Article
21 septembre 2022
Hanna Schmidt

Hanna Schmidt

Rédactrice


Dossier : les somnifères de A à Z !

Les Français dorment mal. C’est un constat qui se répète, d’année en année, au fil des enquêtes. La Covid-19 et les confinements n’ont fait que perturber encore un peu plus leurs nuits. Interrogés, 64% des Français répondaient avoir mal dormi au cours des huit jours précédents (enquête CoviPrev réalisée depuis le 23 mars 2020 par BVA pour Santé Publique France). Face à ces nuits en pointillés et à leurs conséquences -fatigue, système immunitaire affaibli, risque accru d’obésité, de diabète…-, une solution qui tient en dix lettres : somnifères. Leur consommation a d’ailleurs fortement augmenté au cours des derniers mois. Mais attention, ce réflexe n’est pas sans conséquences. Questions-réponses.

Quelles sont les grandes familles de somnifères ?

Seules deux peuvent revendiquer une autorisation de mise sur le marché (AMM) sous l’appellation somnifères (ou hypnotiques). Les plus prescrits restent les benzodiazépines, commercialisées depuis les années 1960, qui présentent un risque important de dépendance. Certains antihistaminiques, destinés à l’origine à traiter les allergies, sont parfois prescrits pour une insomnie occasionnelle. Enfin, certains antidépresseurs ont aussi un effet sédatif. Et peuvent être prescrits, hors AMM, pour une insomnie. 

Comment agissent-ils précisément ?

Les hypnotiques (ou somnifères) ont un point commun avec les antidépresseurs et les neuroleptiques : ce sont des médicaments psychotropes. Cela signifie qu’ils agissent sur le système nerveux central. Certains psychotropes, dont les benzodiazépines, entraînent un effet sédatif en ciblant les récepteurs GABA-A. Les benzodiazépines ont un défaut : ils n’arrivent pas à reproduire parfaitement un sommeil naturel et perturbent l’architecture du sommeil. Le temps de sommeil profond, le plus réparateur, diminue. Ils créent un sommeil artificiel, qui ne permet pas à l’organisme de se reposer comme il devrait le faire. Ils sont éliminés en plusieurs heures par l’organisme. Cela explique qu’il soit nécessaire d’être vigilant en cas de réveil au milieu de la nuit, pour éviter une chute par exemple.

Peut-on les obtenir sans prescription ?

Non. Il faut nécessairement passer devant un médecin pour en obtenir. Pas d’automédication possible avec les hypnotiques. « Sur ordonnance, on ne peut les prescrire pour plus de 4 semaines », explique le Dr Charles. Une fermeté destinée à éviter les phénomènes de dépendance. 

Quelles sont leurs indications ?

Ils sont réservés aux insomnies aiguës, pour permettre de surmonter une difficulté passagère (un deuil ou un divorce, par exemple). Ils peuvent aussi être pris à la veille d’un examen, ou d’un entretien d’embauche dans le cas d’insomnies ou d’état anxieux.. Mais en aucun cas, ils ne doivent être prescrits en cas d’insomnie chronique.

Comment bien les utiliser ?

La règle numéro un, c’est de les utiliser sur une durée courte. Au maximum 4 semaines. C’est le secret pour éviter de tomber dans le piège de la dépendance. Certains patients en prennent pendant des mois, voire des années, et ces somnifères deviennent une béquille sans laquelle ils s’imaginent ne plus pouvoir dormir. Ce qui est faux. On sait bien que les benzodiazépines ne sont plus efficaces au bout de quelques semaines.

Quels sont leurs effets indésirables ?

Le premier d’entre eux, c’est la somnolence. Logique, puisque les hypnotiques font effet environ 20 minutes après leur prise. Les benzodiazépines peuvent provoquer des troubles de la mémoire, des accidents de la route ou des troubles du comportement. Des chutes aussi, d’autant plus dommageables quand elles touchent les personnes âgées. Ces molécules doivent donc être consommées avec prudence. Pour éviter au maximum l’apparition de ces effets indésirables, le traitement doit être mis en place progressivement jusqu’à atteindre la dose minimale efficace.

Y a-t-il des risques d’interactions médicamenteuses ?

Oui, ce qui justifie de demander conseil à son médecin avant de prendre des somnifères. C’est la Haute autorité de santé qui le recommande. Par ailleurs, il ne faut pas associer ensemble deux somnifères.

Comment négocier le sevrage ?

Si les antihistaminiques utilisés pour favoriser le sommeil ne s’accompagnent d’aucun syndrome de sevrage, ce n’est pas le cas des benzodiazépines. Leur mauvaise réputation à ce sujet est justifiée. Un arrêt brutal peut entraîner des sueurs, des palpitations, voire même des crises convulsives. Le maître mot pour leur dire bye bye, c’est la progressivité. Il faut procéder par paliers. Autrement dit, il faut diminuer peu à peu les doses, sous le contrôle d’un médecin. Cela peut parfois prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, d’autant plus si la prise de somnifères est ancienne. Contraignant, mais un arrêt brutal peut s’accompagner de la réapparition des insomnies.

Quelle est la différence avec la mélatonine ?

« Le mécanisme d’action n’est pas le même », précise le Dr Charles. « Fabriquée naturellement par le cerveau, la mélatonine régule notre organisme en fonction de la luminosité. » Elle est sécrétée en grande quantité en fin de journée, quand le ciel s’obscurcit. En signalant à l’organisme l’alternance jour-nuit, elle favorise l’endormissement. Fabriquée naturellement par l’organisme, elle peut aussi l’être dans des laboratoires. En France, seul un médicament en contient. Il est réservé aux plus de 55 ans, dont la fabrication naturelle de mélatonine est en chute libre. Mais la mélatonine est également disponible sous forme de compléments alimentaires, disponibles sans ordonnance. Elle bénéficie d’un excellent bouche-à-oreille, mais les effets à long terme de sa consommation sont encore peu connus. C’est pourquoi il est recommandé d’avoir recours à la mélatonine seulement ponctuellement et surtout, de demander conseil à son médecin ou pharmacien en cas de doute.

Ce contenu a été validé par l'équipe médicale de Synapse Medicine, l'entreprise qui développe Goodmed. Cependant, il ne substitue en aucun cas un avis médical. Si vous avez un doute sur un traitement ou certains symptômes, consultez votre médecin ou votre pharmacien.

Téléchargez l’app Goodmed

Téléchargez l’app Goodmed

Découvrez tous nos podcasts santé

Découvrez tous nos podcasts santé

découvrir